Histoire de LARRA

Grâce à de nombreux vestiges préhistoriques, néolithiques, gallo-romains, wisigoths, ainsi que du moyen-âge, l'archéologie locale révèle une occupation humaine importante et continuelle depuis le paléolithique moyen (- 200 000 ans) jusqu'à nos jours.
Du fait de sa situation géographique, au confluent de la Garonne et de la Save, le territoire de Larra se situe sur une voie de communication et de passage naturel qui le feront participer intimement à tous les grands moments de l'histoire de la grande métropole toulousaine toute proche ( 25 km.).
L'importante station paléolithique mise en évidence sur la première terrasse de la Garonne sur le plateau bordant la Save ( + 162 m.), dénote l'intérêt tout particulier que les peuplades de la civilisation " moustérienne " ont attaché à ce site.
Des outils en quartzite et en silex de bonne facture prouvent que l'occupation se prolongera jusqu'au paléolithique supérieur (- 40 000 à - 10 000) en établissant des échanges évidents avec la civilisation " aurignacienne " à l'autre extrémité de la Save.
Des vestiges de meules, des broyons, des haches de pierre polie accompagnés de fragments de poterie " chasséenne " signent la présence des premiers agriculteurs du néolithique.
Les grandes routes du sel et de l'étain se dessinent dès les premiers âges du bronze en Europe et favoriseront vers - 2000 la naissance de Toulouse qui constituera naturellement un grand carrefour commercial et migratoire. De nombreuses peuplades tels les Grecs, les Ibères et les Ligures font dès l'antiquité toute la richesse de cette contrée. Les récits de la légende de " Pyrénée " en constituent un témoignage éloquent.
Vers 600 avant J.C., au début de l'âge du fer, les Celtes, originaires du haut Danube, s'établirent dans toute la Gaule. Leur culture deviendra prépondérante et influencera toutes les peuplades. Des Celtes, les Volques tectosages conquirent pour leur part, un vaste territoire de l'Aquitaine à Narbonne et des Pyrénées aux Cévennes. Ils développeront le site de Toulouse et en feront leur capitale.
Vers 390 avant J.C. ils feront partie de l'armée de 300 000 hommes qui partiront de la Gaule pour un long périple qui les mènera à la conquête de Rome et du Temple de Delphes. Ils reviendront chargés d'un immense butin. De nombreuses monnaies à la croix et divers Bronzes typiques de cette peuplade découverts sur place, démontrent leur intérêt pour Larra qu'ils occuperont durant toute la période Gallo-romaine.
Vers 118 avant J.C., attirés par ces richesses, ce sont les romains qui s'installeront progressivement dans la région toulousaine, mais, il est établi que vers 107, les Volques se révolteront contre cette occupation.
Le sénat de Rome réagira alors en envoyant le consul Servilius Caepio pour réaliser la conquête. Toulouse et sa région furent pillées et le butin fut tel qu'il donna naissance à la fameuse légende de " l'or de Toulouse " !.. Néanmoins, les Romains finiront par s'intégrer parfaitement et les Gallo-romains de Larra s'enrichiront grâce à l'intense commerce d'amphores vinaires qui existait entre Narbonne et Bordeaux.
Toulouse prend dès lors l'aspect d'une véritable cité Romaine et la région bénéficiera d'une ère de paix qui durera jusqu'à l'incursion des Francs qui pillèrent la vallée de la Save vers 260 après J.C. Plus tard, vers 412, durant le déclin de l'empire Romain, Larra connaîtra l'arrivée des Wisigoths qui fondèrent leur royaume prenant Toulouse comme leur capitale. Leur roi, Alaric sera tué par Clovis en 507 au cours de la bataille de Vouillé. Les Wisigoths se replieront en Espagne et en 508, le roi des Francs, Clovis, entrera en vainqueur à Toulouse.
L'origine du nom de la commune est certainement à découvrir durant ces périodes d'avant le moyen-âge :
· De " Lara " , le " grand pré " ou " pièce grande " de la langue du peuple Basque d'origine préhistorique ?
· De " Lara " nymphe romaine, divinité protectrice du foyer domestique Gallo-romain ?
· De " Lara " déesse de la mythologie du peuple Wisigoth ?
Après une période obscure jusqu'au haut moyen-âge, nous trouvons enfin les premiers écrits citant Larra et son territoire.
En effet, après la fondation en 1114 par Géraud de Salles et Robert d'Arbrissel de l'Abbaye cistercienne de Grandselve au bord de la Nadesse non loin de Larra, de nombreux propriétaires feront donation de leurs terres à celle-ci.
La donation des terres de " Larra " et du dîmaire de " Saint Séverin " permit aux moines d'y établir des " granges " pour entreposer les récoltes destinées à l'Abbaye qui progressivement possédera toute la région.
Ces actes attestent de la présence en chacun de ces lieux d'une église à Saint Séverin en 1184, puis à Larra en 1272. La première disparaîtra peu avant la révolution, tandis que la seconde aurait été détruite dès le 14ème siècle.
En 1290, au faite de sa puissance, l'Abbaye décida d'implanter plusieurs Bastides dont Grenade sur Garonne, et c'est tout naturellement que le terroir de Larra dépendra plus tard administrativement de celle-ci.
Du haut de son plateau, Larra verra passer de tous temps au long de la Save une multitude de voyageurs, notamment des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, mais eut à souffrir de la croisade des Albigeois qui sema la terreur et puis en 1356, durant la guerre de cent ans, des ravages perpétrés par l'armée du " prince noir "qui attaqua et pilla Grenade et la vallée de la Save.
On se souviendra aussi du bruit de la grande bataille qui en 1362 eut lieu sur le plateau entre Thil, Larra et Launac et qui opposa les armées de Gaston Phoebus et du Comte d'Armagnac.
Enfin au seizième siècle les guerres de religion occasionnèrent dans tous les environs de la vallée de la Save de nombreuses destructions et pillages.
Les ordres religieux établis à Grenade (les Filles de la charité à l'hospice Saint Jacques puis les Ursulines en 1624 pour l'instruction) exploitèrent plusieurs métairies à Larra pour subvenir à leurs besoins et contribuèrent au développement de la collectivité. On assiste alors à la naissance de nombreux hameaux (Emmenot, Encoste, Cantegril, Beillard, Bordevieille, Bellots, Cantou, etc…) qui forment une paroisse unie et laborieuse autour de son église de Saint - Séverin et du château de Larra qui fut reconstruit en 1743 par son propriétaire, le parlementaire Toulousain Jean-François Tournier de Vaillac.
C'est en 1774, peu avant la révolution que l'église devenue trop petite tombera en ruines suite à un violent ouragan. Depuis une centaine d'années, la population réclamait déjà sa reconstruction et un conflit était né entre les habitants du bas de la vallée et ceux du plateau au sujet de l'emplacement de la nouvelle église. Il fallut encore attendre 80 années de procédures pour aboutir et durant lesquelles les offices eurent lieu dans des maisons particulières, dans les chapelles puis dans diverses dépendances du château.
Ce n'est qu'en 1848 qu'une solution fut trouvée et que le jeune curé Esparbié posa la première pierre du superbe édifice actuel qui fut achevé en 1861.
Toute la région se souvenait du passage en 1814 des cent mille hommes de l'armée Anglaise du Général Wellington qui allait livrer bataille à l'armée Française du maréchal Soult à Toulouse et de ces soldats anglais qui furent inhumés à Larra à cette occasion.
En 1877, Larra qui possédait une école publique, aura en plus deux écoles congréganistes installées par la volonté de mademoiselle Bathilde Tournier de Vaillac. Cependant, après le décès de celle-ci et faute de moyens, ces deux dernières disparaîtront en 1905, malgré le dévouement des " Filles de la croix " et des " Frères Saint Jean-Baptiste de la Salle " qui enseignaient aux filles et aux garçons.
Ce terroir essentiellement agricole connut un intense développement grâce aux progrès du machinisme au début du siècle dernier et eut même sa ligne de chemin de fer de1903 à 1947, mais il eut à souffrir des conflits de 1914/18 et 1939/45 qui firent de nombreuses victimes parmi ses enfants.
En 1955,sous l'impulsion de Maurice Pontich, la collectivité dépendant toujours de Grenade sur Garonne, réussit à obtenir son autonomie pour devenir une commune à part entière.
Dès lors, Larra bénéficie de l'expansion Toulousaine grâce à l'essor de l'industrie aéronautique, mais voit avec nostalgie disparaître son caractère rural acquis au cours de millénaires d'histoire.

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