Promenades à cheval

Le village de Larra possède une longue histoire d'Amour avec cet animal à la fois fort et grâcieux...
En effet les chevaux de Larra étaient au début du siècle la fierté de leur possesseurs...
Certes, si les attelages de boeufs étaient plus couremment utilisés pour le travail de la terre, les chevaux de trait étaient encore présents au village dans les années 1980...
Je me souviens bien de la famille Meunier qui exploitait les terres de "Cornac" à Larra...Je revois Yvon qui passait le "canadien" (sorte de charrue) dans les vignes familliales avec son vieux et docile cheval véritable montagne de muscle !
Et puis les heures qu'il passait à former un jeune étalon tout aussi impressionnant et fougueux pour tirer des charges... Il fallait bien penser à la relève...
Mais ce qui m'avait le plus ému à ce moment là ce sont les récits de Julien Duffaut, un vieil agriculteur de Larra né au début du siècle, qui, les larmes aux yeux et la voix tremblante me contait son histoire d'Amour pour les chevaux...
Ecoutons le...

Julien et son cheval...
..."Et les chevaux, je les ai aimés les chevaux !
Le cheval était l'ami de l'homme. J'en rêve toutes les nuits. Le dernier cheval que j' avais était très intelligent.
Quand on chargeait les gerbes, si j' étais tout seul à la charrette, je chargeais le tas et lorsque j' avançais, le cheval qui ne me voyait pas avec ses reillères, entendait et comprenait. Il avançait sans qu'on le lui dise.
Pareillement pour les andains de fourrage. Il comprenait seul qu'il fallait avancer plus loin, jamais trop près, jamais trop loin.
Il en laissait un peu derrière et devant. On ne peut oublier des bêtes comme ça !..
Pour atteler, le cheval reculait seul doucement entre les brancards.
Il ne voyait rien. je disais "Hijap" pour à gauche, "Hi ho" pour à droite. "Arrêt" "là".
Pour manreuvrer la charrette, ce cheval te l'aurais mise sur un caillou tant il comprenait tout ! Je me souviens, quand je partais de Larra pour transporter du bois de Cox à Grenade-sur-Garonne, on partait à 7 heures du matin et on rentrait à 22 heures le soir. Tu sais, il fallait le faire pour le cheval.
Eh bien s'il était bien soigné, il le faisait chaque jour sans se fatiguer à un rythme de 4 krn/h.
Les chevaux, c'était toute ma vie !
Une bête cela ne peut pas se défendre. Il faut le corriger mais aussitôt il faut le caresser.
Il faut qu'il t'aime le cheval, il ne doit pas avoir peur de toi. Lorsque l'on se reposait sur la route, je le dételais, je lui donnais de l'avoine et je faisais un 100 mètres, le cheval galopait heureux derrière moi. tagada. . . tagada !
Puis je retournais à la charrette en courant. Le cheval me suivait et s'arrêtait pour que je remette le harnais et nous voilà repartis.
Combien de fois, j' ai vu des gens frapper au fouet des animaux sur des kilomètres. Ces chevaux étaient abrutis, peureux et ne savaient plus ce qu'il devaient faire !
Sont arrivés les tracteurs et les chevaux furent inutiles. J'ai toujours regretté le tictac du cheval qui marche. Ca, c'était la vie.
Un moteur ce n'est que de la mécanique sans âme.
J'ai aimé les chevaux!..."

Louis Lacombe... Et que dire de Louis Lacombe agriculteur à Larra qui avait la solide réputation d'avoir les plus beaux chevaux de trait du village...
Je ne me lassais pas d'admirer les photos de tous ses chevaux qu'il conserve précieusement dans son vieil album de famille!
Je me souviens également de l'émotion des anciens lorsqu'ils me racontaient que durant la guerre de 39/45, tous les chevaux du village avaient été réquisitionnés...
Claire Laplagne racontait:

..."Nous étions en 1943. Le village, presque désert, se prélassait au soleil, étrangement paisible.
La plupart des hommes étaient partis à la guerre pour défendre le Pays.
Même nos chevaux nous avaient quittés, réquisitionnés par l'armée pour un voyage sans retour, vers l'Alsace et les rives du Rhin.
On les vit, eux, qui labouraient fièrement notre terre, là bas, peiner dans la neige et la boue, traînant de lourdes charges pour finir misérablement comme beaucoup de nos hommes.
Souvenirs amers..."
Les images...

Des cavaliers sur la place du village.. Aujourd'hui, si les chevaux de trait ont disparu du village, la passion pour ce noble annimal est loin d'avoir disparue!
En effet, de nombreux Larrassiens possèdent un ou plusieurs chevaux, et, il est habituel de voir ceux-ci se ballader sur les routes du village ou même dans les prairies et bois de la superbe zone verte de Cavaillé...
Nous trouvons aussi à Larra un élevage de chevaux de compétition, et c'est un plaisir de se promener au long de la propriété de Mr Thibout d'Anesy au lieu-dit Gaoussem car là, on peut admirer à loisir, de nombreux chevaux des plus superbes qui trottent, courrent et bondissent avec une grâce et une vitalité qui impressionnent!
Non loin de là au lieu-dit Emmello, ce sont "les écuries de Larra" où il est possible de prendre des cours d'initiation à l'équitation...
Ainsi la longue histoire d'amour entre les Larrassiens et les chevaux est loin de s'achever et au fait, si vous voulez assister à des spectacles extraordinaires, il suffit de se rendre à l'hyppodrome de Grenade sur Garonne qui, lors de chaque course, rassemble des milliers de spectateurs amoureux de chevaux !

Retour...