18 juin 1955

La naissance d'une nouvelle commune Française...

Emmenot... Est-il possible d'assister à la naissance d'une Commune, alors qu'aujourd'hui, les tendances dictées par la rigueur économique, seraient plutôt d'inviter au regroupement ou à la fusion de communes?
Eh bien, ce fait historique, cet acte de foi civique étonnant et rarissime à la fois, a pourtant bien eu lieu et nous allons tenter de nous remémorer les circonstances ainsi que les raisons de cette volonté collective d'hommes et de femmes qui désiraient avec force et conviction prendre en main leur destinée.
Avant 1955, les divers hameaux qui formaient LARRA, faisaient partie de la commune de GRENADE sur GARONNE, bien qu'éloignés de plus de cinq kilomètres de celle-ci... Certes, de multiples générations avaient déjà, au fil des siècles, bâti là une communauté distincte. Rappelons nous le terroir de Larra sur le plateau et le dîmaire de Saint-Séverin au long de la vallée de la Save...
(On se réfèrera à l'ouvrage de Michel HASTENTEUFEL "LARRA, un terroir en vallée de Save")
Deux églises avec leurs desservants en 1272, puis une seule quelques temps plus tard, car tel était le destin. Ainsi, la paroisse de Saint-Séverin, annexe de celle de Grenade-sur-Garonne, prendra ses habitudes, ses règles et même son originalité. Cette communauté rurale, placée sous la protection de l'abbaye de Grand-Selve et du Roi de France, grâce à son intimité territoriale avec la bastide si proche, recommandera sa destinée à son illustre saint protecteur, envers lequel, elle témoignera une fidélité qui ne sera ébranlée que lors de la tourmente révolutionnaire de 1789 qui bouscule les ordres établis. A ce moment la chute de la petite église séculaire, usée par le temps et les intempéries, alors que toute la société française se remet en question, tétanisera ces familles et déjà leur volonté de prendre en main leur destinée deviendra une conviction. Ainsi, de tous ces hameaux épars, avec passion, on se donnera les moyens de reconstruire de nouvelles bases spirituelles avant tout, car il n'est pas de paix sans une église et son clocher dressé fièrement haut vers le ciel et le chant céleste de son carillon pour égrener le temps qui passe et annoncer les fêtes et les deuils. Une fois l'ouvrage achevé (1861), il aura fallu préparer avec amour le nouveau petit coin de terre pour que les défunts puissent se reposer en paix pour l'éternité à l'ombre des pins et des cyprès (1863). Et puis il aura fallu bâtir des écoles, qu'elles soient publiques et laïques ou bien congréganistes. Car on avait soif de connaissances, on voulait s'instruire pour pouvoir se donner les moyens de participer pleinement à la grande marche du siècle naissant, faire face aux progrès scientifiques et techniques qui bouleversaient les habitudes. L'électricité, l'eau, le téléphone, la radio, le train, l'automobile, les tracteurs, le monde changeait de visage dans une course effrénée. Et puis (1914), l'on donnera de son sang pour défendre la patrie menacée. Explosion de violence, douleur et incompréhension, puis viendra l'intolérance et la folie des hommes qui poussera l'horreur à l'extrême. Une fois encore, (1939) le sang coulera et l'on ajoutera encore des noms de héros sur le marbre blanc du monument aux morts. A nouveau, on s'inclinera devant la douleur des familles (1945). Et ce sont ces gens là, qui dix ans plus tard, dans un sursaut d'orgueil légitime, vont se donner la main pour décider que leurs enfants seront désormais des Larrassiens. Car si l'unité spirituelle autour d'un clocher était un fait acquis depuis des temps immémoriaux, il était temps d'être reconnu comme collectivité territoriale ... Ils avaient donné leur sang pour la patrie et il était juste et légitime que cette même patrie reconnaisse et honore les enfants de ce terroir de Larra. Ainsi, on peut dire, quelles que soient les raisons des uns et des autres, que la motivation profonde et véritable qui a poussé ces hommes et ces femmes à vouloir crier haut et fort leur identité, aura été, sans aucun doute, ce sentiment d'appartenir à une collectivité propre, avec son histoire, ses combats, ses souffrances et ses rêves d'avenir. Ce petit coin de terre de France ne voulait plus vivre dans l'ombre d'une bastide qu'il avait jadis enfanté, mais au contraire, il souhaitait affirmer son individualité et sa personnalité au grand jour.
L'Histoire retiendra le nom de Maurice PONTICH, car c'est lui qui sera l'artisan de cette naissance peu commune...
Après plusieurs années de démarches, grâce aux fortes convictions de celui-ci et surtout à son talent inné d'orateur ainsi que ses nombreuses relations, c'est le 18 juin 1955, que le ministre de l'intérieur prit la décision d'ériger le hameau de Larra "en commune distincte de celle de Grenade sur Garonne"!
Ainsi naissait la 592 ème commune de la Haute-Garonne, riche de ses 383 habitants!
Les images...

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